Partagez la vidéo
Les rayons des bibliothèques et les entrepôts des musées regorgent d’histoire. Cependant, quelle est la place du système décimal de Dewey en cette ère numérique? Cette séance permet de saisir comment le gouvernement et les services publics s’y prennent pour archiver les contenus, les nouvelles et les faits historiques dans le monde numérique d’aujourd’hui.
Les télédiffuseurs, musées, bibliothèques, centres d’archives et autres institutions publiques ont entrepris de numériser leurs contenus. La numérisation des collections muséales, par exemple, permettra de les rendre accessibles à un plus grand nombre de visiteurs, tant au Canada qu’à l’étranger. Mais numériser des archives représente un défi colossal. Plusieurs questions se posent, notamment en ce qui concerne la propriété de l’information, la sélection des contenus à numériser, le choix de la plateforme, l’organisation des contenus mis en ligne, leur catalogage, leur découvrabilité, leur interopérabilité, leur pérennité… La numérisation d’archives soulève aussi la question du financement et du rôle du gouvernement. La consultation sur le numérique, lancée récemment par la ministre Joly, permettra aux acteurs du domaine de réfléchir collectivement aux actions à prendre.
Directeur, Partenariats d’affaires et Gestion de l’information Musée canadien de l’histoire
« Depuis les cinq dernières années, il y a eu un vent de changement au Musée canadien de l’histoire pour justement accomplir son mandat national et rendre l’information sur les collections, les archives, accessibles aux visiteurs, que ça soit à l’échelle du Canada ou du monde, plus globalement. »
« Je ne peux pas dire aujourd’hui qu’on a plus que 4-5 % de l’ensemble de nos données qui sont numérisées. Ce n’est pas un scandale, les archives à Washington, ont 1,22 % de leurs archives numérisées. On voit que ce que c’est un peu incommensurable. L’objectif, soit dit en passant, ce n’est pas d’avoir 100 %, mais d’en avoir une quantité quand même signifiante parce que aujourd’hui, le réflexe, c’est de dire que si ce n’est pas sur l’Internet, ça n’existe pas. »
« La seule solution qu’on a avec les moyens dont on dispose, et compte tenu du fait qu’il faut continuer d’avoir les collections analogiques pour le moment, tant que c’est publié, c’est de travailler en réseau, de mettre à contribution l’ensemble de ceux qui ont numérisé de façon significative au pays. »
« On a pris la décision que dès maintenant tout ce qui arrive est numérisé, est accessible en ligne, quand c’est possible. »
« Mais le paradoxe c’est ça, c’est que plus les gens consultent en ligne, plus ils viennent aussi physiquement. Pour les bibliothèques, c’est très clair. Il y avait eu un déclin de fréquentation, là ça augmente. Plus les gens, justement, voient les collections, plus ils sont tentés de visiter. Ce n’est même pas une question de dire on va désinvestir dans le physique au profit du numérique, c’est que l’un nourrit l’autre. »
« Le défi, je dirais, est au niveau de la nomenclature, mais aussi au niveau de la plateforme, des plateformes qui deviennent désuètes si rapidement. C’est de trouver les bons outils. »
« Les gens qui ont peine à se vivre avec de ressources modestes ne vont pas consacrer des fonds importants à embaucher des gens à réfléchir sur ce que devraient être les standards de numérisation, etc. Ça je pense qu’un organisme central doit le faire.»
Claude Joli-Coeur: Nous ferons cette séance en français, alors si vous avez besoin de la traduction, je crois que vous avez tous les appareils nécessaires.
Bienvenue, je vais vous présenter rapidement, même si Anne-Marie les a mentionnés, nos panélistes. Alors, à ma droite, Guy Berthiaume, qui est historien canadien, bibliothécaire et archiviste du Canada. Nicolas Gauvin, à ma gauche, qui est le directeur, Partenariats d’affaires, Gestion de l’information au Musée canadien de l’histoire. Patrick Monette de Radio-Canada, directeur, médiathèque et archives du service français, Société Radio-Canada. Et à moi droite, André Desrochers, qui est un cinéaste, documentariste, et membre de CACTUS, qui est une association de télévision communautaire, qui est un regroupement canadien, pancanadien, de télévision communautaire. Ce que je vous propose c’est qu’on fasse une brève introduction de chacun, de donner rapidement, que vous présentiez comment la transformation numérique de vos organisations et après ça je reviendrai avec une série de questions où on pourrait tous partager nos points de vue sur ces questions. Alors Guy, on va commencer par toi.
Guy Berthiaume: Alors, Bibliothèque et Archives Canada, c’est vraiment la première fois que je parle… Il faut que je m’écrase -que je me lève, est-ce-que… Je vais essayer le semi-rectal. Donc, c’est une organisation relativement unique même à l’échelle de la planète puisque au moment où l’Internet est apparu, rapidement les responsables des deux institutions, qui étaient les Archives, et la Bibliothèque nationale, ont compris que, il y n’avait plus de logique à diviser les choses, à exiger de nos usagers, qu’ils sachent que tel document serait dans une institution, qui était les archives nationales, et que tel autre document, un film, un portrait, un timbre, serait dans un autre institution. Donc la fusion, l’accès à l’ensemble de nos collections par une seule porte d’entrée s’est imposé. Mais ce n’est pas un modèle qui a fait école. Ça s’est fait ça donc en 2004, en 2005, le Québec a suivi cette voie-là. Ce qui fait que pour les francophones canadiens, ils ont eu l’impression que c’est le modèle universel. Alors, que nul part ailleurs, en Belgique, en Hollande, Nouvelle-Zélande, ils ont essayé de fusionner, ils n’ont pas réussi. Ça n’a pas été des expériences porteuses. Donc, nous, on dispose de collections qui sont à la fois privées et publiques. Et ça aussi c’est une originalité. Si, par exemple, je me compare aux archives américaines, aux archives françaises, aux archives de la Grande-Bretagne, ils n’ont que des fonds d’archives gouvernementaux. Alors que nous, on a des fonds d’auteurs comme Jacques Godbout, on a des fonds de peintres comme Karsh, le photographe, donc on est vraiment dépositaire d’une collection unique à l’échelle du Canada. C’est 252 kilomètres d’archives, 22 millions de livres, 425 œuvres d’arts, donc c’est une collection énorme et c’est clair qu’on déclinera les défis au fil de tes questions. Mais c’est clair que pour nous, les rendre découvrables, les rendre accessibles, les numériser, c’est une entreprise, si on tentait de la faire seule, c’est une entreprise impossible à cerner, à compléter. On en parlera tout à l’heure. Il faut trouver des stratégies alternatives pour rendre découvrables… Découvrables, c’est ça le mot. Et accessibles. C’est une immense collection.
Claude Joli-Coeur: Merci. Alors, Nicolas.
Nicolas Gauvin: Bonjour. Moi je vous dirais, premièrement, qu’on est assez flatté d’être invité à une occasion comme celle-là parce que, on avait un petit peu perdu l’habitude d’être à l’avant-garde par rapport à l’accès en ligne et l’information sur les collections. Parce que le Musée canadien de l’histoire, autre fois, Musée canadien des civilisations, était… On avait… Quand on a mis la Loi des musées dans les années 80, il avait aussi le musée virtuel de la Nouvelle-France qui était une institution très avant-gardiste parce qu’elle offrait aux visiteurs un accès en ligne et de fil en aiguille, le musée a mis beaucoup d’accent sur les expositions, le développent des collections, probablement un peu au profit des technologies de gestion d’information. Et puis je dirais que depuis les cinq dernières années, il y a eu un vent de changement au musée pour justement accomplir son mandat national et rendre l’information sur les collections, les archives, accessibles aux visiteurs, que ça soit à l’échelle du Canada ou du monde, plus globalement. Je dirais qu’au moment où on se trouve présentement, il y a encore des grands défis pour tout le rapport qu’on entretient avec les gens qui veulent découvrir les collections dans notre musée et rendre ces collections-là accessibles. Ce qui distingue les musées, règle générale, par rapport à différentes institutions qui sont présentes ici aujourd’hui, c’est l’objet, les artefacts, des objets uniques. Donc pour les gens, il y un rapport avec cet objet-là qui ne se retrouve pas nécessairement au niveau du numérique ou au virtuel par contre si on utilise des technologies qui sont vraiment d’avant-garde, on peut paradoxalement offrir un accès aux visiteurs qui pourraient même pas voir de ses propres yeux parce que des technologies en termes de, par exemple, au niveau visuel peuvent servir à mettre à profit, par exemple, des détails d’objets iconiques que l’œil nu ne pourrait même pas apercevoir. Donc on est un peu présenté devant une foule de possibilités pour rendre toutes ces collections là qu’on a accessibles. Et puis, au cours des cinq prochaines années, on devrait cheminer considérablement en développant, par exemple, un plan de numérisation des collections. Pour donner une idée, le musée collectionne environs 3,5 million d’artefacts. De ce nombre environ 7 % sont numérisés, ou mis en ligne, donc c’est vraiment une infime partie, donc ce qui m’intéresserait aussi de discuter avec vous c’est toute la question aussi de qui détient l’information… Un musée a des conservateurs. Normalement, traditionnellement le conservateur informe, documente, et c’est la personne qui a une autorité sur l’objet. Si on ouvre les collections, qu’est-ce-que ça représente pour un musée national? Donc pour nous c’est aussi, ça reste un défi. Même si parfois pour certaines autres institutions, c’est déjà quelque chose qui fait partie du passé.
Claude Joli-Coeur: Très bien, merci. Patrick, du côté de Radio-Canada.
Patrick Monette: Oui, bonjour. Patrick Monette. Je suis directeur, Médiathèque et archives, pour les services français, Radio-Canada. Donc j’ai une équipe qui travaille fort à la sélection des contenus, au catalogage, et à la recherche et mise en valeur. Donc, c’est surtout des émissions. Donc on parle beaucoup d’audio-visuel. Donc ça fait 80 ans bientôt, en novembre, d’histoire qui se cumule. Donc on a des fonds importants et puis, présentement, je suis à orchestrer la numérisation, donc les projets de numérisation avec nos collègues de CBC. Donc c’est dans ce contexte là qu’on opère. On a eu des bonnes nouvelles, dans ce sens qu’on va pouvoir accélérer notre cadence de numérisation. Ça fait longtemps qu’on numérise à petits projets pilotes, donc on va pouvoir accélérer et trouver les nouvelles façons de pouvoir mettre en valeur. Donc, c’est sûr, par rapport à la technologie, c’est tout l’avènement numérique, la mobilité, la distribution et la mise en valeur qui sont des nouveaux défis.
Claude Joli-Coeur: Merci. André, de votre côté.
André Desrochers: Vous vous demandez peut-être qu’est-ce-qu’on vient faire ici. On est les médias communautaires. Bon, moi je suis documentariste de formation… J’ai une grande expérience d’essayer d’archivage avec Arthur Lamothe avec qui on a mis en valeur et on a numérisé toute une collection des chutes de M. Lamothe sur la nation Innu. Ça nous a donné 82 demi-heures. En bout de ligne, on a passé du ruban un pouce, au BETA-cam, au BETA-cam SP, au BETA-cam digital pour faire finalement un coffret DVD de toute sa collection. J’ai beaucoup d’expérience à essayer de numériser, de trouver la façon. Mais avec les médias communautaires, ce qui est intéressant, c’est qu’on a en banque toute une collection de personnes, on pourrait dire, de communautés sans voix sur les grands réseaux. On a des émissions qui parlent de partout à travers le pays. On a ça en banque et on essaie actuellement de numériser ça. Au Québec, on a eu l’aide récemment du gouvernement du Québec avec son plan numérique qui a donné un petit peu d’argent à chacune des télévisions communautaires pour essayer de mettre ensemble les ressources pour numériser. Alors, chacun y va un peu, il n’y a pas eu une uniformisation de découvrabilité. Chacun y va à la pièce. D’ailleurs, vous avez peut-être vu des grands dommages qu’il y a eu à Saint-Raymond de Portneuf récemment. Une télévision communautaire avec le câblo DERY a perdu la moitié de ses 45 ans d’archives qu’elle avait parce que le feu a brûlé. Ce qui restait en DVD a fondu et était tout croche. Il y a beaucoup de choses qu’ils ont perdues. Nous on a présenté un projet, CACTUS, au CRTC de centres médiatiques qui rassembleraient tout le monde, dans les communautés de 10 000 habitants et plus, et qui deviendraient aussi partenaires pour numériser, pour archiver, non pas seulement diffuser, être un centre… En partenariat aussi avec des bibliothèques, ou des centres d’archives locales, qu’on pourrait partager, numériser, tout le monde ensemble et garder pour l’avenir, et pour aider, surtout… Moi je suis dans la région Vaudreuil-Soulanges, et on a actuellement 5 000 syriens. Alors, pour les aider à s’implanter chez nous, on va leur offrir des DVD montrant d’où vient la région, c’est quoi la région, en compagnie du musée, et du centre d’archives de Vaudreuil-Soulanges, c’est une activité qu’on va mettre en branle pour aider à rendre accessible… Toute la diversité que peut offrir les médias communautaires.
Claude Joli-Coeur: Merci. Chez nous à l’ONF, j’en ai parlé brièvement ce matin dans les notes d’introductions, mais on a une collection de 13 000 films qu’on a en grande partie numérisés. En 2009, on a rendu plusieurs de ces films-là accessibles sur notre plateforme de diffusion en ligne. Maintenant on a prêt de 3 500 films qui peuvent être visionnés. Alors depuis 2009, ca a été un effort considérable d’allouer des ressources, de développer des processus, de développer une façon de rendre ces films-là disponibles le plus largement possible. Alors, pour nous ça été un point tournant parce que l’ONF a été fondée en 1939 et beaucoup, beaucoup, beaucoup de ces films-là étaient devenus inconnus du public ou étaient un vague souvenir. Alors en les remettant accessibles, ça a été pour nous un élément tournant. Ce qui va m’amener à ma prochaine ronde de questions. Ça nous à amener plusieurs défis, notamment au niveau du financement parce qu’on n’avait pas… Quand on a commencé, on était à la veille des restrictions budgétaires que le gouvernement canadien a mis en place pour pallier à la crise économique de 2008-2009. Alors on a été obligé de financer ça, à même nos ressources, ça a été beaucoup, beaucoup de réingénierie de l’organisation pour pouvoir le faire. Donc il y a eu des enjeux financiers, des enjeux humains, et beaucoup de développement où on était pas mal seul dans le… À l’époque, quand on a lancé ONF.ca, il avait Netflix qui commençait, TOU.TV a suivi, on était vraiment au début et il a fallu un peu tout inventer. Alors maintenant on a des processus bien établis, on numérise, on ajoute 500 films par année. On dédit des ressources importantes pour ça mais je suis conscient que c’est, pour toutes les organisations, c’est un défi colossal. Alors j’aimerais ça vous entendre sur la façon dont vous abordez ça dans des périodes où on n’a pas plus d’argent et où, maintenant on prend pour acquis que tout doit être accessible. Rien que faire une anecdote en lançant cette ronde d’interventions, moi j’ai étudié en droit, j’ai fini en 1978, à l’époque la seule façon de trouver des causes, c’était d’être dans des index de jurisprudence, d’être dans la bibliothèque, de chercher. Maintenant, on tape un mot et toutes les causes nous apparaissent et… En tous cas, dans mon domaine, dans le domaine du droit, ça a amené une prolifération de publications, qui a vraiment suivi les outils technologiques pour les trouvés. Avant ça, il n’avait pas grand chose, on trouvait la bonne cause, on trouvait le bon article. Maintenant, tout s’est multiplié à un rythme… Alors j’imagine que chez Bibliothèque et Archives, cette abondance de contenu… Maintenant qu’on dit qu’il faut qu’on le trouve.
Guy Berthiaume: Il y a ce problème-là. Nous aussi, il faut pas oublier qu’il reste encore toute une production analogique. Le livre en papier, ça continue d’être produit. Donc, nous on a même pas le luxe de dire, on va abandonner l’un pour l’autre. Il faut à la fois garder le dépôt légal, les archives, les documents en papier qu’on a et accueillir aussi ce qu’on reçoit de façon numérique. Donc, c’est un défi majeur malgré tous nos investissements, malgré tout ce qu’on a essayé de faire en redéployant des ressources, moi je ne peux pas dire aujourd’hui qu’on a plus que 4-5 % de l’ensemble de nos données qui sont numérisées. Ce n’est pas un scandale, les archives à Washington, on 1,22 % de leurs archives numérisées. On voit que ce que je disais tout à l’heure, c’est un peu incommensurable. L’objectif, soit dit en passant, ce n’est pas d’avoir 100 % parce que ça supposerait que je numérise tous les livres du téléphone du Canada, des affaires absurdes, mais d’en avoir une quantité quand même signifiante parce que comme tu l’as dit, aujourd’hui le réflexe c’est de dire, si ce n’est pas sur l’Internet, ça n’existe pas. Alors qu’il faut se rappeler que c’est 99 % aux États-Unis, 95 % chez nous, de tout ce qu’on a qui n’est pas numérisé. La bonne nouvelle c’est que les façons de faire font que si l’université de Toronto a numérisé un ouvrage ou un fonds d’archives, moi je n’ai pas à le faire. Ce que j’ai à faire, c’est de créer un lien. On va annoncer ça officiellement en juin. On va créer un portail pour l’ensemble des publications canadiennes numérisées. Donc si UBC, si la centrale, si BANQ, ont numérisé, et ils en ont fait beaucoup, à notre échelle, mais quand on les ajoute ça commence par être significatif, là si on crée des liens pour l’usager, c’est transparent. Il va y aller, il va voir tel livre, et il va aller le consulter. Là, ça a plus de sens. Le défi est moins… C’est pas sisyphe. On ne sera pas à 100 %, ça ne sera jamais assez, et après on parlera, si tu as d’autres questions là-dessus, comment on fait, quelle est notre responsabilité, si on avait les moyens de tout numériser est-ce-qu’on le ferait, est-ce-qu’on donne un accès tel qu’on tue l’histoire parce que les gens vont être incapables de traiter les masses de données. Ça c’est un autre débat. Mais en tous cas, bref, nous la seule solution qu’on a avec les moyens dont on dispose, et compte tenu du fait qu’il faut continuer d’avoir les collections analogiques pour le moment, tant que c’est publié, c’est de travailler en réseau, de mettre à contribution l’ensemble de ceux qui ont numérisé de façon significative au pays.
Claude Joli-Coeur: Peut-être une petite question technique, est-ce-que, parce que comme tu viens de dire, nous, chez nous, on continue à faire des films sur des supports, même s’ils sont numériques, il y a eu tout un processus, il y a encore des choses qui sont créées qui ont un support qu’on va numériser pour le rendre accessible, mais dans les procédures de dépôt, est-ce-que vous pourriez pas demander aussi à des gens de vous déposer la version numérique en même temps que la version physique?
Guy Berthiaume: Oui, la Loi actuellement n’est pas étanche. La Loi le permet. Mais on travaille justement avec le milieu pour avoir une Loi un peu plus étanche qui oblige à la fois le dépôt numérique et le… Mais c’est pour ce qui est produit maintenant. Mais moi je parle des fonds dont on a depuis 1872. C’est considérable. 252 kilomètres. Imagine-toi des feuilles de papier, 252 kilomètres comme ça d’archives.
Claude Joli-Coeur: Oui. Oui. C’est colossal. Du côté du musée aussi, c’est…
Nicolas Gauvin: Je dirais que la situation ressemble beaucoup à celle de Bibliothèque et Archives, on est très conscient des limites qu’on a. Il y a beaucoup d’arrérage, de choses qui ne sont pas en ligne. On a pris la décision que dès maintenant tout ce qui arrive est numérisé, est accessible en ligne, quand c’est possible. Et puis, il a eu des changements, je dirais auparavant, le conservateur qui avait la responsabilité des collections n’avait pas l’obligation de numériser ce qui avait, ce qui était collectionné par le musée. Trois ans passé, on a fait une restructuration organisationnelle, tout ce qui était bibliothèque, archives et services documentaires se rattachaient à la recherche, maintenant il y a une unité spécifique, ce que je dirige, les partenariats et la gestion d’information. On a mis en place un centre de ressources. On est en train physiquement de créer le lieu, mais ça comporte aussi un volet, un accès en ligne. Donc je vous dirais qu’il a beaucoup d’investissements qui sont faits, par rapport à l’ensemble des investissements au musée, qui sont faits pour faire cette démarche-là, d’aller plus de l’avant pour rendre les choses accessibles en ligne. Sans pour autant mettre tous les œufs dans le même panier et dire, c’est l’avenir. On continue de croire que l’accès aux objets physiques, les expositions également, en fait c’est une dualité qui doit continuer, qui doit s’améliorer, parce qu’on sait aussi que si les gens, si on connaît mieux qu’est-ce qu’on collectionne, ça va le rendre plus intéressant. C’est un peu le défi devant lequel on se trouve. C’est sûr aussi que, par rapport au collectionnement d’objets, le ratio, on a quatre employés qui s’occupent de tout ce qui est mis en ligne, ou numérisation, par rapport à 30 professionnels qui s’occupent des collections physiques. Donc il y a vraiment un changement qui s’opère de ce côté-là.
Claude Joli-Cœur: Comme musée national qui est basé à Gatineau, vous avez quand même l’enjeu, vous êtes là pour l’ensemble des Canadiens, ce n’est pas l’ensemble des Canadiens qui peut venir en visite et avoir l’expérience sensorielle. J’imagine que le numérique devient quand même une…
Nicolas Gauvin: Une plateforme…
Claude Joli-Cœur: Ou un teaser pour éventuellement, quand ils vont venir le visiter, ou une plateforme pour leur rendre accessible.
Guy Berthiaume C’est ça le paradoxe, si tu me permets… Mais le paradoxe c’est ça, c’est que plus les gens consultent en ligne, plus ils viennent aussi physiquement. Pour les bibliothèques, c’est très clair. Il y avait eu un déclin de fréquentation, là ça augmente. Plus les gens, justement, voient les collections, plus ils sont tentés de visiter. Ce n’est même pas une question de dire on va désinvestir dans le physique au profit du numérique, c’est que l’un nourrit l’autre. Et donc, il faut répondre à la demande.
Nicolas Gauvin: Et j’ajouterais que nous ce qui nous intéresse aussi, pour le bien du public en général, c’est d’être capable de travailler avec des institutions comme votre institution, comme Bibliothèque et Archives, pour centraliser tout ça pour celui qui veut consulter, qu’il n’ait pas à aller à 56 sites, mais autant que possible, un seul et unique endroit où il y aura une multiplicité d’accès pour voir des collections, obtenir de l’information sur les archives. Je vous dirais que le défi est là un peu d’organiser tout ça.
Claude Joli-Cœur: Dans un monde idéal, comme institutions fédérales, c’est que quand quelqu’un cherche quelque chose sur un sujet, il peut avoir accès au film qui existe, à l’artefact qui est chez vous, et au document qui est chez vous. On a le défi, comme organisations publiques, de trouver une façon que l’usager, pour lui, c’est hyper simple. Il a tout dans son lien.
Nicolas Gauvin: Le défi, je dirais, est au niveau de la nomenclature, mais aussi au niveau de la plateforme, des plateformes qui deviennent désuètes si rapidement. C’est de trouver les bons outils.
Claude Joli-Cœur: Du côté de…
Patrick Monette: Oui, bien, c’est ça. Donc Radio-Canada est d’abord un télé-distributeur et donc, dans ce contexte-là aussi, il produit beaucoup de contenu. Donc c’est sûr que Radio-Canada n’est pas un centre d’archives mais, par contre, il y a différents défis par rapport à l’organisation, bien sûr. Juste de faire l’inventaire pancanadienne pour les contenus francophones et anglophones dans 18 stations régionales, c’est une tâche colossale. Faire la sélection de ce qu’on doit numériser, comme mentionnait M. Berthiaume, tout n’est pas nécessairement bon à numériser et à sauvegarder et à investir pour le rendre accessible. Et là, il y a la question d’infrastructure de numérisation. Ça prend beaucoup de sous pour mettre en branle une capacité de numérisation de gros volumes, pour une capacité d’accueil de ces contenus-là en formats fichiers, le pipeline nécessaire infrastructure et le stockage de ça. Donc en amont, bien sûr, il y a tous les archivistes qui travaillent à la sélection des contenus, à l’éditorialisation. Mais il ne faut pas oublier l’investissement qui suit par rapport à ça pour rendre pérenne. Donc, il y a quand même beaucoup de défis par rapport à ça. Je dirais aussi du fait qu’on est en entreprise et qui produit du contenu, donc de par le passé, il y a différents formats qui ont existés, différents types de support. Donc c’est certain que c’est un défi de trouver le support ou le format fichier qui va être pérenne dans le temps pour assurer les prochaines migrations. Les archivistes, on pense toujours à long terme. Donc, c’est vrai que ça devient numérique, mais tout ça demande des migrations aux cinq-six ans pareil parce qu’on migre nos contenus sur des robothèques mais c’est encore sur du physique à quelque part. Donc, c’est tous ces enjeux-là qui faut être à l’aise. Et je dirais que c’est le défi aussi du catalogage. On peut avoir beaucoup de contenu mais c’est très important qu’il soit catalogué au bon niveau et de la valeur du contenu également. Un film à l’ONF, c’est une grand œuvre. C’est certain que le catalogage est à un certain niveau. Par opposé, un télé-journal où il y a plusieurs sujets, plusieurs intervenants, plusieurs lieux, plusieurs points de vue à la caméra, et on veut réutiliser ces contenus-là dans nos productions. Donc, le catalogage doit être encore plus précis dans un contexte comme ça. Et peut-être que le format film, on veut que ça soit grandiose sur un écran à rediffuser, mais peut-être qu’un topo de Radio-Canada, on n’a pas besoin du même type de format aussi. Donc, par institution, on a différents enjeux aussi par la nature et la valeur du contenu.
Claude Joli-Cœur: Et vous n’avez pas un dépôt de tout ce que vous faites chez Bibliothèque et Archives?
Patrick Monette: Non, c’est ça. Il avait été convenu par le passé, du fait que Radio-Canada utilise ses contenus beaucoup dans ses productions, à RDI, nous avons 4 archivistes qui travaillent à temps plein pour offrir le contenu à cette bête-là, les affaires publiques, autant les émissions radio, télévision, et tous les projets. Donc c’est sûr qu’on a tendance à garder nos contenus ici, à la maison mère Radio-Canada, ou à CBC, pour pouvoir les réutiliser. Et c’est un échantillonnage, si je comprends bien, avec M. Berthiaume, qui a un échange entre nos institutions.
André Desrochers: Nous autres dans les médias communautaires, c’est le même défi, parce que si, vous, vous n’avez pas d’argent, imaginez chez nous. On roule avec des budgets annuels en bas de 100 000 dollars. Alors, c’est de la coordination. Et là avec le plan numérique au Québec que je parle, mais aussi le reste du Canada où il y a des télévisions communautaires, on s’aperçoit : quelle plateforme on va utiliser pour que ça soit disponible à tout le monde? On a un projet nous de faire un, on appelle ça notre Netflix communautaire, où tous les télés communautaires pourraient mettre en place sur un réseau, sur une plateforme, un interface, qui serait disponible, mais c’est le tuyau il va falloir qu’il soit gros pour aller chercher, revenir et, peut-être à l’inverse de chez vous, nous on se dit, qui on est pour choisir ce qui est bon ou pas bon que la communauté a produit. Dans nos télés communautaires, le contenu est fait par, pour, et avec la communauté pour les sujets qu’ils veulent, des sujets qui leur tient à cœur. Si je prends juste dans notre région, il y a le pipeline qui va passer, d’Énergie Est, il y a des gens qui sont pour et il y a des gens qui sont contre depuis nombreuses années. On peut trouver les archives des engagements des différents politiciens, diffèrents… Alors les gens se servent… « As-tu encore l’entrevue qu’on a faite il y a trois ans? », « As-tu encore…? » Oui, je l’ai en format VHS, je l’ai en format DVD. Comment on retransmet tout ça? Le défi du catalogage, bon, il y a certaines télés qui y sont arrivée, parvenue un peu, on a commencé… La plupart, on va le débuter, on va l’amorcer au Québec. Au Canada, il y a beaucoup moins de télés communautaires. On a déjà une cinquantaine au Québec. Le reste du Canada, à peine la moitié. Ça demande un défi de coordination, de trouver les sous, même si on est prêt à le faire bénévolement avec un archiviste, dans son temps, pour aller chez vous et chez nous dans ses heures de bénévolat… Il y a tout ce « man power », on pourrait dire, et on est en train de chercher c’est quel format, quelle plateforme… On s’en vas-tu sur LTO, on s’en vas-tu sur… Il y en a qui ont commencé sur des disques durs externes. Mais là, on s’aperçoit que ça dure pas plus que deux-trois ans. Ce qu’on avait pensé avoir archivé, finalement, on l’a quasiment perdu. Ceux qui ont fait des DVD, à force de les faire jouer, ça les a grafignés. Où il y en a qui ont mal durés dans le temps. Alors, le défi est grand. Encore plus chez nous pour conserver mais pour donner accès à tout le monde, tous ces pans de vie. Il y a des télévisions communautaires qui ont filmé des personnes âgées qui ont raconté la légende des lieux, ou de l’histoire du lieu. Il y a des gens qui ont raconté comment les viaires étaient avant, comment ils sont aujourd’hui. Toutes des choses qui pourraient servir éventuellement à des chercheurs. Alors, on ne veut pas dire nous autres, non ça c’est bon, ça ce n’est pas bon. On veut comme, avec la communauté, on va numériser et on veut cataloguer, ça va prendre des millions de mots, on a des émissions de nouvelles nous autres aussi, on a des émissions, alors comment par mot-clé, chercher, trouver, c’est quoi le bon catalogage, l’architecture va être à définir. Mais il y a le défi de la plateforme aussi qui est bien, bien difficile à trouver. On voudrait éventuellement partager avec l’ONF ou avec Archives Canada qui pourrait être un beau défi, comme dans le temps de « Challenge for Change », la société de nouvelles avec l’ONF, qui avait un bout communautaire, mais est-ce qu’il pourrait y avoir un bout dans la zone de l’ONF qui serait les télés communautaires& On n’aurait pas à réinventer la roue et vous avez toute l’infrastructure, la modernisation de façon de l’archiver. Ou avec Archives Canada, si on peut déléguer aux archives locales, ou aux centres d’archives qui sont reconnus par la BANQ, ou par Archives Canada… Peut-être que, on pourrait, au lieu de réinventer la roue, pour nous, ça serait un défi de moins. On va partager avec notre centre local tout le contenu qui pourrait être découvrable par tout le monde.
Claude Joli-Cœur: Ça m’amène à ma prochaine question. Quel devrait être le rôle du gouvernement, des gouvernements, là-dedans? La ministre Joly vient de lancer la consultation sur le numérique. C’est sûr que c’est quelque chose qui doit être envisagé. Moi je me souviens d’avoir suivi un peu le plan numérique que les Français avaient lancé, peut-être, en 2010, du temps du Président Sarkozy, où ils avaient mis des moyens considérables pour la numérisation de leurs fonds patrimoniaux. En France, il y a une organisation assez unique qui s’appelle L’Institut Nationale de L’Audio-Visuel qui enregistre en temps réel tout ce qui se diffuse en France, les archives, tout ce qui est fait. Si vous avez l’occasion de visiter leurs installations, toutes les chaînes, toutes les radios, tout est numérisé en temps réel, archivé. Évidemment, on est loin de ça, mais c’est peut-être un luxe inaccessible. Mais qu’est-ce que devrait être le rôle des services publics dans une organisation collective de ça? Dans le contenu traditionnel, mais aussi qu’est-ce qu’on fait du contenu non-traditionnel qui a quand même une valeur patrimoniale qui a un certain fondement?
Guy Berthiaume: Notamment, on pense évidemment à Twitter, Facebook… Ce qu’on appelle la Twitterature. Il y a des gens qui écrivent des poèmes en séries de tweet. Mais si on ne les capte pas…
Claude Joli-Cœur: Est-ce-qui a des gens qui font des films qu’ils mettent sur YouTube?
Guy Berthiaume: Absolument, qui n’ont pas d’autre vie. Support, je devrais dire. L’auto-publication par Amazon, c’est majeur. Récemment, on a vu des statiques qui disaient que la vente de livres électroniques était en chute aux États-Unis. Il y a des gens qui contestaient ça en disant, en fait, ça a été… Comme Amazon ne diffuse pas ces données-là, dans le fond, il y a une partie significative de la publication qui se fait, on appelait ça à compte d’auteur autrefois, qui se fait donc sur la plateforme Kindle qui échappe à toutes les statistiques. Et donc, ça aussi ce n’est pas capté, il n’y a pas de dépôt légal là-dessus. Il y a plein de choses qui se passent dans les cas des arts plastiques… Notre collègue des musées pourra nous le dire, il y a des œuvres éphémères qui existent que sur support électronique. Donc, c’est une préoccupation majeure d’en capter un échantillonnage. La Library of Congress, à un moment donné, avait annoncé qu’ils captaient tous les tweets. Ils ne l’ont jamais dit mais ils le font plus parce que… On a beau dire c’est virtuel, ça remplit des serveurs, on peut imaginer quotidiennement un serveur. Bref… Moi la question du rôle du gouvernement central, moi je dis que c’est un rôle premièrement, et vous l’avez évoqué, de créer des standards d’interopérabilité. Moi je pense que c’est un peu naïf de penser que ça, ça va venir de la source ou de la base. Les gens qui ont peine à se vivre avec de ressources modestes ne vont pas consacrer des fonds importants à embaucher des gens à réfléchir sur ce que devraient être les standards de numérisation, etc. Ça je pense qu’un organisme central doit le faire. Et doit être aussi ceux qui réunissent les gens et les mettent ensembles qui font que on puisse, comme je l’évoquais tout à l’heure, mettre à contribution, au moins dans notre sphère d’influence, l’ensemble de ce qui se fait, moi je pense que déjà faire ça c’est faire revenir et c’est faire des choses que personne d’autre fera si nous on ne fait pas centralement.
Claude Joli-Cœur: Partage des expertises…
Guy Berthiaume: Oui, et encore une fois, définir, être à la pointe des développements internationaux et définir les standards les plus porteurs. On ne sera jamais parfait et il faut aussi faire confiance que les générations qui nous suivent vont être au moins aussi intelligentes que nous. Si nous on trouve des solutions, ils vont en trouver aussi. Mais au moins il faut faire un travail sur les normes, les standards… Personne ne va le faire à notre place.
Claude Joli-Cœur: Dans l’histoire des médias, on a une belle illustration. Ce n’est pas plus… Il faut imaginer ce qui s’en vient. Si on fait bien ce qu’on est capable de faire, la génération suivante devrait être capable de suivre.
Nicolas Gauvin: Moi, je vais dans le même sens que notre collègue des archives. Dans le sens où dans une ère de globalité, je trouve que le gouvernement devrait jouer un rôle d’incitateur ou de stimulateur, plutôt que d’implanter des structures qui tentent de tout capter parce que je pense que, non seulement c’est impossible, mais en plus dans le futur on se posera la question de la pertinence d’avoir fait ça. Donc j’abonde dans le sens de proposer des structures mais aussi des lignes directrices pour essayer de capter des défis autant que possible que rencontrent toutes sortes d’institutions parce qu’il ne faut pas se le cacher non plus, le Canada en particulier représente des défis en termes de territoire. Donc, je pense que de ce côté-là, on a un rôle à jouer même à l’échelle internationale. Donc, je serais plutôt favorable à donner des… à insister ou à mettre des structures en place pour favoriser ça mais pas entreprendre de le faire.
Claude Joli-Cœur: Et dans votre confrérie des musées, est-ce-qui a une volonté d’avoir des regroupements d’intelligence comme ça? Nicolas Gauvin Justement, il y trois ans, on a mis sur pied un réseau de musées d’histoire à l’échelle du Canada. Ce qu’on souhaiterait faire, mais qui continue de représenter un défi, c’est d’implanter un autre style de structure qu’on appelle des affiliés. Donc, celle-là ce sera davantage de jouer un rôle de leadership pour travailler avec des plus petites institutions soit communautaires ou de moyenne envergure pour les aider à accomplir leur mandat. C’est plus général pour développer des projets, mais notamment il y a beaucoup de demande au niveau de l’archivage, ou comment rendre les choses accessibles en ligne. Donc sur la base du réseau, on travaille avec des musées à l’échelle du territoire qui sont des musées de moyenne ou plus grande envergure et des institutions du gouvernement, entre autre justement il y a votre institution, il y a Bibliothèque et Archives. Et on essaie de trouver justement… Pas des terrains d’entente, mais des projets ou des idées qui font en sorte qu’on mette en commun ces ressources-là qu’on a pour le bien du public dans un but aussi économique et pratique, d’économiser des ressources. Mais aussi pour que le travail qui se fait devienne une espèce de synergie. Qu’on ne travaille pas chacun de son côté, mais plutôt d’essayer de répondre à des défis que toutes ces institutions-là rencontrent ensembles.
Claude Joli-Cœur: Au niveau de Radio-Canada, est-ce qu’il y a aussi une communauté de services publics de radiodiffuseurs au Canada où vous partagez… Je ne veux pas poser la question qui tue, même entre les services français et anglais, est-ce-que vous vous parlez?
Patrick Monette: Bien oui, absolument.
Claude Joli-Cœur: Mais au niveau des autres radiodiffuseurs publics est-ce qu’il y a des collaborations? Ou chacun est pas mal dans son coin? Patrick Monette Ce que je vous dirais… Je vous rassure Radio-Canada et CBC travaillent sur les mêmes plans d’affaires ensemble, donc avec des partenaires. Et par contre, Radio-Canada a beaucoup beaucoup de contenu donc c’est certain qu’il y a eu une habitude à garder avec les services d’archives. Donc, il n’y a pas beaucoup de liaisons, présentement, avec d’autres radio télédiffuseurs publics. Ce qu’on fait par contre pour numériser, c’est qu’on a fait des « benchmarking » en Europe et aux États-Unis. Donc pour voir des institutions, des « broadcasters » qui ont autant de contenu, comment faire et comment ils ont attaqué ce défi-là? Un peu comme M. Berthiaume a fait pour numériser certain contenu audio-visuel… Donc c’est un « benchmarking » qui a été fait international, on a fait la même chose. Donc, c’est dans ce contexte là où on a des partenariats d’échange avec l’INA. On a visité l’INA pour voir c’était quoi leur infrastructure, comment ils avaient mis leurs processus de travail ensemble, comment ils ont pu travailler ça, pour pouvoir répliquer, un peu, cette fonction-là à même notre institution.
André Desrochers: Nous autres… En fonction de ce qui s’en venait, le CRTC avait annoncé une révision de la politique communautaire, la politique de télévision locale. On a organisé, CACTUS, le premier forum national de tous les médias communautaires au Canada à l’automne dernier. Ça ne s’était jamais fait depuis que la radiodiffusion c’était mis ensemble. Alors, on a demandé préalablement aux gens lors d’un sondage, qu’est-ce que vous voulez qu’on discute pendant le sommet, qui a duré trois jours. Et les gens avaient beaucoup parlé d’archivage… Donc on a fait venir des gens d’ailleurs, des gens des États-Unis entre autres, qui nous ont apporté un modèle d’archivage qui s’appelle « Archive.org ». C’est internet archives. C’est basé en Californie. C’est une ancienne église qui voit des milliers de serveurs. Ils reçoivent… Ils ont tout catalogué par différents médias et il y a une section « médias communautaires ». Donc ils nous invitaient à partager avec eux autres. Une des recommandations qui est sortie en aillant écouter tout le monde, les radios, les médias, on avait même les jeux en ligne communautaires, nous recommandaient… « Est-ce que le gouvernement pourrait avoir une responsabilité de définition, d’encadrement pour qu’on ne puisse pas chacun de notre côté réinventer la roue? « Donc vous avez une façon d’archiver… Pourquoi que si on a peu d’effectif, on a peu de ressources, on pourrait simplement s’allier à vous autres et être des partenaires et de vous aider à cataloguer et tout ça. Et donc, le forum a permis de démontrer que le milieu communautaire voudrait que les ministères ou les différentes organisations publiques aident le milieu communautaire à s’archiver, à se faire découvrir. On a des télévisions, des radios dans le grand Nord, qui sont toutes seules en train de… Il y avait une radio communautaire qui pouvait donner toutes les informations pendant le feu à Fort McMurray. La radio communautaire donnait des informations… « Rendez-vous à telle place ». La télé faisait « Mais il y a un feu… » Les grands journaux faisaient juste rapporter ce qui était et bon quelques cas. Mais la radio avait vraiment une implication, comme dans le verglas au Québec. Les télévisions communautaires, on avait pu rien. Alors la télé communautaire de Châteauguay a fait une vidéo que la fédération a fait rapporter partout. On manquait de bois. On avait pu de bois pour chauffer personne. Parce qu’on a envoyé un message à travers les télés communautaires, ben, il est arrivé, deux jours plus tard, des dizaines de camions de bois de Victoriaville, des Bois-Francs. Il y a un impact que si on peut harmoniser, je pense, avec les institutions publiques, on aurait une plus grande synergie tout le monde ensemble.
Claude Joli-Cœur: Il nous reste dix minutes. Je voudrais nous amener un peu sur la piste des algorithmes. Comment tout ça pour le grand public? Comment le grand public va avoir accès à l’ensemble de ce qu’on dit? Est-ce que ça va être via des moteurs de recherche commerciaux? Est-ce que ça va être uniquement via les portails de chaque institution? Comment vous voyez l’avenir là-dedans de cette interconnexion entre ce qu’on est habitué de faire tous les jours dans nos moteurs de recherche traditionnels qui contrôlent la façon dont tout remonte et nos propres systèmes de portails d’entrée où les gens vont pouvoir chercher le contenu?
Guy Berthiaume: Tu commences par moi? Moi je suis un peu de l’école 2.0. Il y a eu un premier mouvement qui était de combattre Google, de s’opposer à Amazon, moi je suis au-delà de ça. 85% des gens qui viennent consulter nos documents, sont amenés là par Google. Donc, « why fight it? » Je sais qu’on est dans l’atelier français… Mais, on ne va pas faire ça. Donc,
Claude Joli-Cœur: Les systèmes nourrissent ces modèles là…
Guy Berthiaume: Oui, c’est ca. Ce qui faut faire c’est… Wikipédia c’est pareil. Au début, moi je suis un historien de profession, au début, la profession… Mais là ce n’est pas comme ça. Tout le monde commence par aller voir Wikipédia. Ce qui faut c’est de nourrir ces systèmes-là, de créer des liens entre Wikipédia et nos fonds, de créer des liens qui vont rapidement faire apparaître nos documents sur Google plus haut dans la liste, etc. C’est ça qu’il faut faire. Il ne faut pas essayer de combattre ça, c’est absurde. Moi je ne suis pas un spécialiste de l’algorithme, mais ce que je peux dire c’est que les attentes des gens à l’égard des bibliothèques, c’est un peu modelé sur justement Amazon. Quand tu vas sur Amazon, ils vont te suggérer des livres en fonction de tes choix précédents ou même ce que tu n’as pas acheté est pris en compte, etc. Les gens s’attendent à ça des bibliothèques maintenant, que quand ils accèdent au site de la bibliothèque, la bibliothèque va leur suggérer sur la foi de leurs habitudes de lecture, quelque chose de nouveau qui est là, etc. Donc moi je suis tout pour, mais encore une fois, je suis tout pour accrocher mon wagon à des locomotives que je ne pourrai jamais compétitioner. Ça me rappelle le Minitel. C’est vrai qu’ils étaient les premiers mais une fois qu’ils ont été dépassés, ils ont été lents à abandonner et à s’y mettre.
Nicolas Gauvin: Je pense qu’on se situe là aussi dans une position très semblable parce que, entre autres, ce que je vous parlais plus tôt, toute cette idée d’accessibilité. Nous, entre autres, il y a Google Map, par exemple, quand ils ont commencé à faire des références à des œuvres et tout ça, donc c’est sûr que ça augmente la connaissance sur les sujets de ce qu’on fait ou de ce qu’on a. Mais… On a le défi parallèl, c’est-à-dire que nos propres infrastructures à l’interne pour des consultations, que ce soit par des professionnels ou le grand public, doivent être remises en place. On vient d’installer un DAM, un outil pour gérer tous les différents…
Claude Joli-Cœur: un « digital asset management »
Nicolas Gauvin: Et d’autre part, on ne va pas s’opposer à l’accessibilité qu’offrent toutes sortes de différents services beaucoup plus globaux pour justement créer cette espèce de..
.
Claude Joli-Cœur: Vous créez ces ponts-là pour que ça soit le plus accessible possible.
Nicolas Gauvin: Tout à fait.
Patrick Monette: Donc, pour Radio-Canada aussi, en termes de contenu, la contextualisation est très importante. Donc c’est sûr que nous faisons différents projets pilotes. Par exemple, on a fait beaucoup de contenu audio récemment pour pouvoir faire un produit comme Première Plus. Première Plus met en valeur 11 thématiques avec toutes des entrevues d’archives ou de l’audio archivé. Ça permet de faire 1+1, donc on fait un projet de numérisation, on le met en valeur avec un outil, ou une façon, mais de le mettre en contexte aussi sous forme de thématique par exemple. Donc il y beaucoup de liens comme ça qu’on privilégie actuellement. Aussi avec l’actualité, je dirais. Notre Facebook, les liens avec les multiplateformes donc à chaque fois qu’il se produit quelque chose dans l’actualité, l’arrivée des refugiés syriens, donc on fait des reportages sur les « Boat People » en 1978 et on colle ça et on met le contexte. Donc, à chaque fois, on essaie de donner une profondeur, une rigueur, et de mettre en valeur nos contenus dans un contexte. Quand on parle de decouvrabilité, c’est le lien avec l’évènement d’aujourd’hui, il se passe ça, on peut donner d’autres couches, d’autres visions, d’autres perspectives. C’est le temps de miser et de faire sortir ce contenu-là. Comme une exposition aussi, ça peut être en événementiel, donc avec « Femmes d’aujourd’hui », ça faisait le 50ieme de l’émission, on a fait un partenariat avec l’Université Laval, on a fait venir les animatrices passées et récentes, et on a fait un appel à tous. Donc il y avait des gens du public qui sont venus. On peut travailler aussi des expositions sur les Pays-d’en-Hauts qu’on a fait, avec les dessous des Olympiques. Il y a tout le contenu qu’on peut mettre en valeur, mais ponctuellement dans le temps, pour justement bien cibler et s’assurer que ça a du sens dans cette masse-là.
André Desrochers: On attend nous autres, plutôt que d’inventer. On espère que quelqu’un va nous diriger vers… On s’est fait dire que c’est le LTO qui est le meilleur. Ça va durer 100 ans et plus. Ok, mais peut-être pas
Claude Joli-Cœur: Ça illustre bien le défi qu’on a comme institution fédérale de réunir nos connaissances et de les organiser pour faire en sorte qu’elles vont pouvoir bénéficier à des organisations qui sont dans la foulée de ce qu’on fait, qui vont pouvoir comme dit Guy, attacher leur wagon…
Et je pense qu’avec la consultation de la Ministre, on a vraiment l’occasion d’organiser notre pensée et nos actions, pour… Parce que c’est un gros défi juste de s’organiser et de réfléchir à ça en partant. Donc si on a le cadre, peut-être, c’est une occasion qu’on pourra tous saisir.
Nicolas Gauvin: Une chose que je pense qui demeure pour nous intéressante c’est que pour le média exposition en tant quel, on est devenu quand même assez performant dans l’évaluation de ce que pensent les visiteurs, par rapport aux attentes qu’ils ont, aux expériences qu’ils veulent vivre, et tout ça. Je dirais que du côté de tout ce qui est accès en ligne, on a besoin davantage de s’organiser si vous voulez, pour avoir une meilleure compréhension, de notre côté en tout cas, des comportements des gens, qu’est-ce qu’ils cherchent, qu’est-ce qu’ils veulent, pour être en mesure, avec d’autres, de leur offrir ces choses-là, qu’ils recherchent. Je pense que ça s’est fait notamment pour savoir, par exemple, est-ce-que les gens consultent notre site pour le contenu qu’on offre, ou simplement, parce qu’ils veulent savoir à quelle heure on est ouvert et quand est-ce qu’ils vont venir. Ça on est quand même capable de mesurer ça mais je vous dirais que… Auparavant, on a fait des choses, on le faisait en se disant que le public va s’adapter. Je pense qu’on a reviré ça complètement et on répondre aux attentes du public. Au niveau de tout ce qui est électronique, numérique, peu importe, on a quand même besoin de plus de données par rapport à ça. Il y a une chose dans laquelle je n’ai pas parlé qui demeure un défi pour nous pour tout ce qui est de rendre l’information disponible et accessible, c’est le bilinguisme. L’histoire du musée fait en sorte que les chercheurs qui ont nourri la bête au niveau de l’information sur les collections, ils l’ont fait dans la langue de leur choix. À partir du moment où on ouvre les vannes et que tout est disponible, on s’expose, parce que c’est selon la langue dans laquelle la personne a travaillé. Pour nous, vous avez parlé de ressources, c’est quelque chose qui demeure un grand défi pour un musée national parce qu’on a cette obligation-là de rendre l’information accessible dans les deux langues.
Claude Joli-Cœur: Je ne peux pas m’empêcher, parce qu’on va avoir une démonstration de toutes sortes d’appareils… À quand une visite en VR du musée où on va pouvoir voir l’exposition qui est en cours mais peu importe où on se trouve au Canada ou dans le monde?
Nicolas Gauvin: Dans la langue de notre choix…
André Desrochers: On a proposé au CRTC lors des dernières audiences, de créer des centres médiatiques communautaires. Seraient rassemblées la télévision, la radio, tout ce qui est communautaire, selon une communauté donnée que la communauté veut bien. En même temps on a débuté des liens avec les bibliothèques surtout en Ontario où là les bibliothèques veulent devenir les centres de rassemblement. À la fois, pas juste des livres, mais ils nous invitent à participer… Amenez votre télé-communautaire chez nous, amenez votre radio communautaire chez nous. On va devenir un lieu de rassemblement…
Claude Joli-Cœur: Il y a un vrai mouvement… J’étais à Calgary ce week-end et j’ai vu que la bibliothèque est en construction et ça va être ça. À Halifax, ça vient d’ouvrir.
(Ils parlent tous en même temps)
André Desrochers: Donc à l’échelle locale, nous c’est ça qu’on veut. On a proposé au CRTC, ils nous ont même demandé d’élaborer un projet pilote. Donc on leur a proposé, et on espère.
Claude Joli-Cœur: C’est là où l’expérience personnelle vient s’arrimer à l’expérience virtuelle.
Je pense qu’on est au… Je n’ai pas eu de signe. Il est 11:07. On a encore un petit trois minutes. Peut-être des questions…
Auditoire: (question inaudible)
Claude Joli-Cœur: Intéressant. Commentaire? Oui.
Auditoire: (question inaudible)
Guy Berthiaume: Comme tout le monde l’a dit, le fait d’être une institution nationale, donc payée par les taxes de tout le monde, fait que la numérisation, bien sûr, nous permet d’être mieux aux services de l’ensemble des Canadiens. Même si j’ai dit, et je le maintiens, qu’il a plus de monde qui viennent au musée, qui viennent dans les bibliothèques, parce qu’ils ont été attirés par les contenus numériques, n’empêche que pour la majorité des gens, cette expérience-là sera pas possible, que ça soit à Washington, à Paris, ou à Ottawa. Donc, plus on diffusera, plus on rendra nos contenus disponibles sur le web, mieux on remplira notre mission d’être aux services de l’ensemble des Canadiens. Mais une fois qu’on a dit ça, après il faut le faire. Et comme je vous le dit dans le cas… Je ne peux pas parler pour l’ONF ou de Radio-Canada, mais dans le cas des musées, on s’appelle les « glam » nous autres, ça fait un peu David Bowie, c’est « galleries, libraries, archives and museums » dans nos cas à nous c’est le contraire. Même si en une demi-seconde, sur chacun de nos téléphones, on peut voir la Joconde, il y a des millions de personnes, chaque année, qui font la queue pour aller voir la Joconde au Louvre. Cet effet-là, nous il faut composer avec et sur le plan budgétaire, c’est même pu une question de choix, c’est des questions d’aller chercher, dans nos organisations, ailleurs les marges d’économies pour investir dans la numérisation.
Nicolas Gauvin: Moi je dirais même que c’est profitable dans les deux sens parce que, plus on met des choses en ligne, pour beaucoup on n’a pas l’information, donc on pourrait même avoir davantage l’information sur nos propres collections en les ouvrant au public qui ne peut pas venir dans nos voutes ou venir observer les objets. Ils pourraient découvrir des choses ou se rendre compte qu’il y a des choses qu’ils connaissaient qui sont conservées chez nous pour lesquelles ils n’étaient même pas au courant. Donc nous on profiterait éventuellement. Et on se prépare à s’ouvrir justement de ce côté-là pour donner accès à nos choses pour que les gens les voient à tout le moins de chez eux s’ils ne peuvent pas venir chez nous pour les voir. Ça peut juste être bénéfique, il s’agit juste qu’on répartisse mieux nos ressources. On a beaucoup mis sur le physique et la visite du musée. Il reste à savoir mieux proportionner ces dépenses-là pour être en mesure d’avoir un meilleur équilibre, je dirais.
Patrick Monette: Concernant Radio-Canada, je peux dire que nous on est dans un environnement de production sans ruban. Donc c’est certain qu’aujourd’hui la télévision et les émissions se font rapidement. Donc avoir accès au contenu déjà numérisé ça fait en sorte que tu peux l’utiliser davantage dans tes productions. Et faire des productions originales avec tes contenus d’archives comme on le fait mais on peut encore bénéficier, avoir des retours sur investissements, par rapport à la mission, c’est certain, ça met de l’avant et en support à la mission. C’est certain. Parce qu’aujourd’hui, une grosse partie n’est pas numérisée, mais on sort 100 000 cassettes des voutes pour toutes nos émissions radio, télé donc si jamais au bout du compte avec la numérisation, avec les investissements, tout le monde a accès de son portail, de sa station de travail à aller chercher tous les extraits sans passer par la numérisation ponctuelle. Il y a une réalisation et un retour à la mission direct. Mais c’est beaucoup d’argent par contre à investir. C’est ça le défi.
Claude Joli-Cœur: Dans nos processus de travail pour les nouvelles productions, c’est intégré, mais c’est le rattrapage de toutes ces années.
Auditoire: (question inaudible)
André Desrochers: Si on peut réussir avec le CRTC à mettre en place des centres médiatiques, on devrait créer un grand nuage communautaire ou là, même si ce n’est plus local, si la télévision communautaire du Nouveau-Brunswick a filmé une façon de pêcher le homard ou peu importe le poisson, une communauté de pêcheurs de l’autre côté de l’Atlantique voit ça, ils peuvent se partager des contenus sans nécessairement peut-être le mettre en ondes, mais au moins l’avoir… « Et regarde qu’est-ce qu’ils font là-bas de savoir… On va peut-être pouvoir leur parler. » Il y a des communications comme ça qui pourraient… C’est sûr que ça va être bénéfique. C’est sûr que c’est coûteux, on va essayer de le faire avec le budget qu’on a mais ça ne peut pas être… pas bénéficier au monde. C’est profitable à tout le monde de découvrir tout ce qu’on a partout à travers le pays.
Claude Joli-Cœur: Dernière question. Bon. Oui.
Auditoire: Sans sous-estimer l’immense tâche de numériser et d’archiver, budgétaire, etc, etc. Vous avez mentionné tous deux des bons coups à comment faire valoir aujoud’hui sur le nuage, dans le nouveau monde, le produit archivé, le lien avec, exemple, l’actualité. Avez-vous, peut-être pour les autres, vu des bons coups, ou eu des bons coups, dans ce domaine-là pour justement partager le produit archivé? Que les gens vont le chercher, vont le regarder, le rapporte chez eux ou le consulte par la suite? Est-ce-qui a des nouvelles stratégies ou des bons coups qu’on a vus?
Claude Joli-Cœur: Chez nous, la mise en ligne de films, il y a régulièrement des rappels liés à l’actualité ou à des événements. Nos collections sont un peu… Comme… On cherche tout le temps à mettre de l’avant la production qui pourrait avoir un lien avec quelque chose… Comme nous on avait fait un web documentaire sur Fort McMurray, évidemment il a été remis de l’avant avec les événements, ça permet tout le temps de s’assurer que le contenu aussi suit les différents besoins de notre public.
André Desrochers: Je pourrais parler de la télévision communautaire de Vaudreuil-Soulange. On vient de mettre en place un projet qui s’appelle « Panorama » où là… On va grâce à la MRC, grâce au CLD, aux églises, on a le centre local jeunesse, tout le monde ensemble, on va participer au tournage de partout, des zones rurales, des zones urbaines du secteur de Vaudreuil-Soulange qui est deux fois plus gros que la ville de Montréal en termes de superficie. Et on va avec le centre d’archives local. On s’est mis ensemble pour mettre en place, sur le cloud, en disponibilité les images pour que les gens puissent voir comment c’est aujourd’hui en 2016 la région de Vaudreuil-Soulange en comparaison avec toutes les images que nous on a déjà prises depuis 2010. Et on va mettre en lien toutes les images que la vieille télé Vaudreuil qui est morte en 1999 avait pris et qu’on a récupérées en trois-quarts de pouce. On va tout mettre ça accessible à tout le monde, gratuitement, sur le site du centre d’archives. Le centre d’archives espère, comme M. Berthiaume, qui amène un achalandage Il y a toute sorte de chose au centre d’archives. Il n’y a pas juste du vidéo. On va créer un fond. C’est sure la télé va être gratuit à tout le monde pour pouvoir bénéficier des images, des sons. On va faire des sons aussi. Je pense juste à l’autoroute 30. On a pris des images pendant 3 ans. Pas d’autoroute 30. La moitié d’autoroute 30. Et l’autoroute 30 au complet. Le paysage a changé complètement dans Vaudreuil-Soulange avec l’autoroute 30.
(Musique)
Guy Berthiaume: Madame.
Auditoire: (question inaudible)
Claude Joli-Cœur: Chez nous on a divers projets liés au 150e, au 375e de Montréal, au 50e de l’Expo. Alors à partir de tout ce qu’on a, on va mettre de l’avant beaucoup beaucoup de choses qui va certainement avoir pas mal de volets de rappel d’histoire.
Patrick Monette: C’est la même chose pour Radio-Canada, bien sûr. Tout le côté social, historique, culturel, de 80 ans de l’institution, qu’il aura au mois de novembre, et tous les événements, le 375e, 350e, et le 150e, il y a des produits qui sont en train d’être dessinés. On va célébrer absolument.
Nicolas Gauvin: Chez nous, on a entreprit un projet important pour refaire la salle d’histoire du Canada qui avait été présentée au public pendant plus de 25 ans qui va être ouverte pour le 1er juillet l’an prochain. Cet événement-là, la mise en chantier du projet de la salle d’histoire du Canada à jouer un rôle important dans notre virage vers le numérique aussi, parce que pour être à l’affût, à l’avant-garde, on avait besoin d’investir beaucoup dans ses infrastructures-là. Il y aura évidemment des répercussions une fois que la salle sera ouverte dans le rapport qu’on entretient avec nos visiteurs virtuels et ceux qui vont venir nous visiter.
Claude Joli-Cœur: Très bien, merci beaucoup. Merci à vous messieurs.
S'il vous plaît connectez-vous ci-dessus pour commenter.
Allez aux commentaires